Les faits remontent au mardi 29 avril, à minuit, lorsque des policiers nationaux en patrouille dans le quartier d’Aiguelongue, à Montpellier, sont attirés par une Tesla, tous feux éteints, arrêtée sur la voie de bus à hauteur du 457 avenue de la Justice-de-Castelnau. Voiture au sein de laquelle ils surprennent le passager baisser la vitre avant… pour jeter des détritus sur la voie publique.

Ils décident alors de procéder au contrôle du véhicule. Mais lorsqu’ils s’approchent du conducteur (qui va s’avérer être un simple chauffeur de VTC mis hors de cause dans cette affaire), ils s’aperçoivent que le passager tente de repousser un sac en plastique sous son siège. Sauf que, lorsqu’ils lui demandent ce qu’il contient, il ouvre brusquement la portière et s’enfuit en bousculant un fonctionnaire.

Y’a les flics, y’a les flics, prenez tout, je suis serré, barrez-vous

Poursuivi par deux policiers, le mis en cause est rattrapé quelques centaines de mètres plus loin, rue Pioch-de-Boutonnet. Le voyant surexcité et gesticulant dans tous les sens, l’un des fonctionnaires prend l’initiative de faire usage de sa bombe lacrymogène pour éviter qu’il ne reparte en courant.

C’est à ce moment-là, alors qu’ils s’efforcent de le menotter, qu’ils se rendent compte qu’il est en communication téléphonique avec une tierce personne à laquelle il crie : "y’a les flics, y’a les flics, prenez tout, je suis serré, barrez-vous".

Il fait volte-face à l’audience

Dénué de pièce d’identité, il a été placé en garde à vue où il a décliné le nom d’un tiers pour se soustraire à ses responsabilités. Avant d’expliquer qu’il avait rencontré un individu dans un bar et que ce dernier lui avait remis ce sac qu’il devait livrer d’un point A à un point B en échange d’une somme d’argent. Mais sans savoir ce qu’il contenait. En l’espèce, après décompte des policiers, il renfermait la coquette somme de 13 950 euros !

Mais alors qu’on pensait l’affaire entendue, ce Pakistanais de 20 ans, résidant à Paris, a fait volte-face ce vendredi 2 mai lors de sa présentation à l’audience des comparutions immédiates du tribunal judiciaire.

Si vous mentez tout le temps comment pouvons-nous vous croire ?

"Tout ce que j’ai dit en garde à vue n’était que mensonges. Cet argent, c’est toutes mes économies que je voulais donner à ma fille qui habite Montpellier et que je n’ai pas vue depuis plusieurs années. Je travaille, je gagne entre 1 300 et 1 700 euros par mois et comme je vis chez mes parents, je mets quasiment tout de côté."

Et la présidente Ilana Lachkar de rétorquer : "Si vous mentez tout le temps, comment pouvons-nous vous croire ? D’autant que le 12 août 2024, vous avez été condamné pour trafic de stupéfiants à huit mois de prison avec sursis avec interdiction de paraître à Montpellier. Et là, vous violez cette interdiction et on vous retrouve en train de multiplier les délits. Ce n’est pas sérieux."

Dix mois sous bracelet électronique

Reconnu coupable des chefs de blanchiment, violation d’une interdiction de paraître, prise du nom d’un tiers et rébellion, le prévenu a été condamné à dix-huit mois de prison dont quatorze assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve durant deux ans, avec obligation de travail et d’indemnisation (2 000 euros au total).

À cela s’ajoutent deux mois de prison ferme pour prise de nom d’un tiers. Soit six mois ferme au total que les magistrats ont accepté d’aménager en détention à domicile sous surveillance électronique, chez sa mère, dans la région parisienne. Il a aussi interdiction de paraître dans l’Hérault durant cinq ans. À noter que le tribunal a également prononcé la confiscation des 13 950 euros ainsi que de son téléphone portable.