Habitant un lotissement "paisible et plutôt sympathique" de Lavérune, petite commune de 3 200 âmes à l’ouest de Montpellier, Pascale Vergne est en colère et veut le faire savoir afin d’inciter ses voisins à la vigilance. Jeudi 5 juin au petit matin, elle a en effet été victime d’un home-jacking qui a traumatisé toute sa maisonnée.

"Ce matin-là, mon mari s’est levé à 5 h 30. C’était jour de collecte de poubelles donc il a sorti les conteneurs. Il a ouvert aux poules, a mis la piscine en route, s’est fait un café et est allé le boire sur la terrasse à l’opposé de l’entrée principale, tout en fumant sa cigarette. Il a refermé la porte d’entrée mais pas à clef car il fallait qu’il rentre les conteneurs après le passage des éboueurs", confie-t-elle, agacée.

C’est par cette porte d’entrée que les cambrioleurs sont entrés, sans effraction donc, l’espace d’un éclair. Elle, sa fille âgée de 33 ans et sa petite-fille de 8 ans dormaient à l’étage. Tandis que sa mère de 89 ans, qui vit au rez-de-chaussée, est sortie de son sommeil après avoir entendu son gendre se lever.

Plusieurs dizaines de milliers d’euros de préjudice

"Mais en sortant des toilettes, elle est tombée nez à nez avec un grand monsieur cagoulé qui a failli la faire tomber. Elle aurait pu se faire très mal, s’insurge la quinquagénaire. Elle s’est mise à crier. Mon mari a alors traversé le salon en courant et a vu deux individus quitter notre maison précipitamment. Ils ont rejoint un troisième qui était au volant de ma voiture, une BMW série 1 blanche, et ont pris la fuite."

Le couple a aussitôt fait le tour de la maison. En quelques minutes à peine, les voleurs étaient parvenus à faire main basse sur tous les objets de valeur. "Ils sont partis avec nos deux IPhone, un Motoralo, deux ordinateurs portables, la console de jeux, des bijoux. Mais aussi mon sac à main dans lequel il y avait tous mes papiers ainsi que le cartable de ma petite-fille. Tout s’est passé en l’espace de cinq, six minutes. Vous vous rendez compte. Ils sont montés à l’étage, ils auraient pu se retrouver coincer. À croire qu’ils n’ont peur de rien."

J’en appelle aux concitoyens, il faut déposer plainte

Quand le couple a commencé à en parler autour de lui, il s’est immédiatement rendu compte que, depuis le début de l’année, ce type de faits était légion sur la commune. À tel point qu’une réunion a été organisée au pied levé, vendredi 13 juin, à l’initiative du maire Roger Caizergues, réunissant une trentaine de Lavérunois.

"Il en est ressorti que la plupart des victimes ne déposent pas plainte. Donc les chiffres sont faussés et le phénomène, qui est bien réel, n’est pas pris en compte à sa juste valeur par les forces de l’ordre. J’en appelle aux concitoyens, il faut déposer plainte. Car si les faits rapportés par les uns et les autres ne sont que des atteintes aux biens, sans violence et sans arme, les traumatismes, eux, sont bien réels", s’insurge Pascale Vergne, tout en listant les derniers cambriolages enregistrés dans le village.

Une fin de non-recevoir

Parmi eux, "la pharmacie, dévalisée le week-end de Pâques ou encore Gamm vert. Mon voisin mitoyen, lui, c’est la deuxième fois qu’ils tentent de rentrer chez lui. Il n’a pas porté plainte parce qu’il a une alarme qui met en fuite les visiteurs nocturnes. D’ailleurs, ceux qui nous ont cambriolés ont été filmés par son dispositif, ce matin-là, trois minutes avant de pénétrer chez nous. La même nuit, un autre habitant de Lavérune s’est fait voler des affaires sur sa terrasse et dans sa voiture. Il y a d’ailleurs une vidéo qui circule sur Facebook. Etc., etc."

Lors de la rencontre de quartier avec le maire, elle a émis l’idée de se servir des panneaux d’affichage lumineux de la commune pour diffuser des messages de prévention. Proposition qui a reçu une fin de non-recevoir de la part de l’édile arguant "qu’il ne fallait pas faire peur aux gens". Et Pascale Vergne de conclure : "Donc ne pas faire peur aux gens, c’est laisser entrer les cambrioleurs chez nous. Je suis très en colère par rapport à ça."