Vendredi 4 avril 2025, c’est un conseil d’administration sous haute tension qu’a vécu l’université Rennes 2. En raison du contexte social autour du campus de Villejean, d’abord, puisqu’après les divers blocages de la fac et les 400 000 € de dégâts recensés, c’est un CA en distanciel qui s’est joué, histoire d’éviter toute tentative de report. Sous haute tension aussi en raison de ce qui s’est joué lors de ce conseil d’administration. Car vendredi dernier, c’est son autonomie financière que Rennes 2 mettait en jeu.

La raison ? Un déficit de 4,8 M€, pour un budget de 135 M€. Pour éviter la mise sous tutelle du rectorat, l’université devait voter un plan de retour à l’équilibre financier. Deux principales mesures ont été votées : le gel de 26 postes et la suspension d’une partie des offres d’enseignement à distance (EAD).

Anglais, espagnol, géographie à AES à la trappe

Ce mercredi 9 mars, la présidence de l’université a détaillé ces mesures, qui doivent permettre, d’ici 2028, de revenir à l’équilibre. Concernant les 26 gels de postes, le principe est, qu’« une fois qu’ils seront vacants, ils ne seront pas rouverts, précise Céline Piquée, vice-présidente en charge des finances. Douze de ces postes concerneront des personnels administratifs, de bibliothèque et techniques, le reste sera parmi les enseignants. » Avec quel impact pour les étudiants ? « On a 1 500 personnels à Rennes 2, donc je ne suis pas sûr que les étudiants s’en rendront compte. L’impact sera plutôt sur les autres collègues qui vont peut-être devoir récupérer quelques heures supplémentaires. Mais il y aura moins d’heures à faire vue la suspension de certaines formations à distance. »

Sur les neuf formations d’enseignement à distance proposées par Rennes 2, cinq sont suspendues : anglais, espagnol, géographie, administration économique et sociale, et sociologie. Quatre ont été maintenues : psychologie, histoire, Lettres et breton. « Le premier critère est financier. On a choisi de conserver les filières qui étaient à l’équilibre, explique Céline Piquée. Psychologie, histoire et Lettres avaient le meilleur équilibre financier, et beaucoup d’étudiants. »

Sous tutelle, « une panoplie de mesures qui ne nous plairait pas du tout »

La possibilité de suivre ces enseignements dans d’autres universités a aussi joué dans leur maintien, ou non, à Rennes. « En psychologie, les EAD dans les autres universités sont aussi saturées et il aurait été difficile pour nos étudiants de trouver ailleurs. » Quant au breton, seule Rennes 2 propose cette formation à distance. La fermer était alors hors de question. « On suspend donc la moitié des heures de cours en EAD, mais on conserve les deux tiers des effectifs, soit 1 200 étudiants sur les 1 800 inscrits », précise Céline Piquée.

Avec ce plan, Rennes 2 s’évite donc une mise sous tutelle qui, à écouter Vincent Gouëset, président de l’université, aurait été beaucoup plus douloureuse. « Passer sous tutelle nous priverait de notre autonomie financière. C’est le rectorat qui prendrait les décisions pour nous et chercherait les solutions les plus efficaces. » Selon lui, « il y a toute une panoplie de mesures qui ne nous plairait pas du tout : geler plus de postes, augmenter les tarifs de formation, en particulier pour les étudiants extracommunautaires, voire fermer des formations en présentiel jugées pas assez rentables, notamment en langue où on a des petits effectifs. »