Laurent Morcillo, 42 ans, risque un renvoi aux assises pour "complicité d’enlèvement avec actes de torture et de barbarie". Il aurait ordonné depuis sa cellule l’enlèvement d’un homme qui aurait commis un vol sur l’un des points de deal qu’il continuait de diriger depuis sa prison en 2022.
À l’heure où le gouvernement s’attaque aux trafiquants qui continuent à diriger leur business depuis les prisons, le cas du Montpelliérain Laurent Morcillo revient au premier plan judiciaire. Cet homme de 42 ans, qui purgeait en 2022 une précédente lourde peine à la centrale de Lannemezan, a été reconnu coupable en 2024 d’y avoir poursuivi ses activités, en donnant par téléphone des instructions à son fils, qui gérait deux lucratifs points de deal, dans les quartiers des Marels et à Aiguelongue.
Alors qu’il a été condamné en appel à douze ans pour ces faits, un juge d’instruction montpelliérain vient d’ordonner son renvoi aux assises pour un nouveau dossier dans lequel il a été mis en examen pour "complicité d’enlèvement avec actes de torture et de barbarie en bande organisée". Des faits qu’il conteste, comme il l’a rappelé mardi 8 avril devant la cour d’appel de Montpellier, où il intervenait en visioconférence depuis les Baumettes, à Marseille. "Je vous demande ma remise en liberté parce que je n’ai rien à voir dans cette histoire et que tout innocent devrait pouvoir demander sa liberté."
Depuis sa cellule, il règne en maître sur cette cité Montasinos.
Reste l’enquête, qui le met directement en cause, en soulignant la cruauté et la violence de ce quadragénaire qui a déjà passé vingt et un ans derrière les barreaux, et dont l’expert psychiatre souligne "la personnalité antisociale", la "faible empathie" et la "dangerosité criminologique modérée à élevée".
En novembre 2022, un homme dépose plainte à Bagneux, après être sorti de l’hôpital dans lequel il vient d’être soigné pour de multiples fractures à la main. Il explique qu’après être allé sur un point de deal, il a été enlevé, conduit dans une forêt et tabassé, avant que l’un de ses agresseurs ne lui fracasse la main avec une énorme pierre. Bilan : fracture du nez, de trois cotes mais surtout une main broyée, "des douleurs insupportables" et 90 jours d’ITT, avec sans doute des séquelles. Selon plusieurs témoins à l’identité protégée, "Laurent Morcillo père, le grand patron du réseau, aurait donné des instructions via la messagerie Signal" pour ces représailles, la victime étant soupçonnée d’avoir volé une sacoche avec des stupéfiants et de l’argent.
"Tout a été filmé en visio pour que le patron puisse constater que les faits étaient bien exécutés sous ses yeux, précise la présidente de la chambre de l’instruction. Son surnom est Loup Blanc, qui est déjà apparu dans plusieurs procédures."
Autre élément fort : "un témoin dit qu’on lui a proposé 50 000 € pour qu’il retire sa plainte." Plusieurs autres suspects, âgés de 17 et 18 ans, ont été interpellés en mai 2023, tandis que cinq téléphones ont été saisis dans la cellule de Laurent Morcillo, en novembre dernier, lors de son interpellation.
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Depuis sa cellule, il règne en maître sur cette cité Montasinos, et une petite frappe va se retrouver mutilée parce qu’il a osé dérober une sacoche, sans qu’on sache si c’est vrai", insiste l’avocate générale. Laurent Morcillo, dont les avocats contestent le renvoi aux assises, répond lui-même. "Il y a un jeune qui m’accuse pour se dédouaner, tout ça est totalement vérifiable ! Je n’ai rien à voir ! Je voulais vous poser une question, vous les lisez, les dossiers, au moins ?" Décision ce mardi 15 avril.
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