"Grâce à Patat, son staff et son groupe de joueurs, on ne parle plus du petit Bayonne. On va commencer à évoquer le Grand Bayonne." Voilà ce qu’écrivait lundi dans sa chronique Xavier Garbajosa, consultant Midi Olympique, à propos de la qualification de l’Aviron pour la phase finale du Top 14. En creux, l’ancien ailier ou arrière international rendait ici hommage à son ancien complice du Stade rochelais, époque Collazo, pour avoir permis au club basque de vivre une saison historique dans un contexte personnel très inconfortable. Et pour cause.

Dès le 15 octobre dernier, Midi Olympique révélait les contacts noués par le président Tayeb avec Laurent Travers. Un article non sans conséquence. Le hic ? Grégory Patat, sous contrat jusqu’en juillet 2026, et son staff n’avaient pas été informés que leur président discutait avec Laurent Travers au sujet de sa possible arrivée en tant que directeur du rugby, poste qui n’existait pas encore dans l’organigramme bayonnais. "Si chaque fois qu’on doit prendre une décision, il doit y avoir concertation, il va y avoir beaucoup de dossiers qui vont rester sur le bureau", commentera plus tard Philippe Tayeb…

Surtout, ces révélations interviennent au cœur d’un début de saison mitigé sur le plan sportif, laissant une grande place aux spéculations. Souvenez-vous. Deux minuscules succès à domicile contre Perpignan (21-19) et Montpellier (28-27), à chaque fois acquis dans les dernières secondes, pour deux défaites à l’extérieur, dont l’une très lourde sur la pelouse de Pau (51-29). Après seulement quatre journées de championnat, on dit alors dans le microcosme que l’ancien technicien de La Rochelle se trouve déjà fragilisé et que son avenir pourrait être menacé. Sauf que c’est à cet instant qu’un important virage va s’opérer. Certes, l’Aviron s’incline sur la pelouse de l’UBB, futur champion d’Europe, lors de la 5e journée, mais décroche un joli point de bonus défensif (30-27). Et lance véritablement sa saison une semaine plus tard à Anoeta grâce à un succès probant face à La Rochelle, ponctué du bonus offensif (37-7). C’était le 12 octobre. Trois jours plus tard débutait le vaudeville bayonnais.

Pas de commentaire

Dans un entretien paru dans ces colonnes au début du mois de novembre, Grégory Patat a évoqué avec peu de mots son sentiment sur ce qui n’était alors qu’une probable arrivée de Laurent Travers : "J’ai donné mon positionnement et la pertinence par rapport à la création d’un tel poste. Nous travaillons en parfaite collaboration et nous construisons ensemble la suite du projet." Relancer alors sur le recrutement du président du Racing 92, il rétorquait froidement : "Pas de commentaire à ce sujet." Le 12 mars, le club officialise l’arrivée de Laurent Travers, au poste de Directeur du Rugby au 1er juillet 2025. Ses missions ? "Définir et piloter les objectifs sportifs du club", assurer "la coordination avec l’association" et œuvrer à la "représentation du club auprès des partenaires", voilà ce que dit le communiqué de presse. En interne, les tensions s’accentuent, les désaccords semblent profonds. Inévitablement, la question de la collaboration entre Travers et Patat se pose. Celle de la prolongation du staff actuel aussi. "La première étape pour une prolongation, c’est la qualification au top 8, précisait le président Tayeb mi-mars. À partir de là, on se mettra autour de la table et on fera tout pour garder notre staff, en collaboration avec Laurent Travers." En mai, le patron bayonnais ajoutait une nouvelle condition : "L’intégration de Laurent Travers dans l’ensemble du périmètre du club." Depuis ? Aucune nouvelle.

Et pendant tout ce temps, Grégory Patat a su garder le cap et son sang-froid. Jusqu’à mener l’Aviron, pour la première fois de son histoire, en phase finale du Top 14, match de barrage à domicile en prime. Qui l’eut cru ? Que les menteurs lèvent le doigt. En faisant corps avec son groupe et son staff, le natif du Gers a replacé Bayonne sur l’échiquier du rugby français. Et ce n’est peut-être pas tout à fait fini…