Sur la Suisse à 10 millions, l'UDC remporte la 1ère manche | 24 heures


The Swiss People's Party (UDC) gains ground in the debate over immigration limits, while its opponents' disunity weakens their opposition.
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Sur la Suisse à 10 millions, l'UDC remporte la 1re manche

Le Conseil fédéral reconnaît désormais que la migration est un défi. Quant aux adversaires du texte, ils lavent désormais leur linge sale en public.

La semaine passée, Marcel Dettling, président de l’UDC, a critiqué la clause de sauvegarde du Conseil fédéral.keystone-sda.ch
En bref:
  • Un oui à l’initiative «Pas de Suisse à 10 millions» torpillerait le futur paquet d’accords avec l’UE.
  • Le Conseil fédéral propose une clause de sauvegarde pour restreindre la migration.
  • L’UDC y voit une reconnaissance de son discours.
  • Le parti s’amuse aussi de voir ses adversaires se déchirer sur la stratégie à adopter pour contrer son initiative.

S’il y a un parti qui peut se frotter les mains, c’est l’UDC. Ces derniers jours, la formation politique a réussi à marquer deux points avec son initiative «Pas de Suisse à 10 millions». Cela ne dit pas encore qu’elle va l’emporter en votation, mais les deux événements que l’on va vous raconter montrent que le parti sait toujours dicter l’agenda politique et que ses adversaires ne savent pas comment le contrer.

Le contexte est particulier. Cette initiative est une épée de Damoclès sur les relations bilatérales. Passé le seuil des 9,5 millions d’habitants, le texte demande au Conseil fédéral de prendre des mesures pour stopper la migration, quitte à dénoncer les traités internationaux. On pense à la libre circulation des personnes. Or toucher à ce principe, c’est risquer de torpiller le futur paquet d’accord avec l’UE. Et ce, avant même que la population ait pu se prononcer.

Un scénario que le Conseil fédéral et la majorité des partis veulent éviter. C’est dans ce sens que Beat Jans, ministre en charge du dossier, a présenté mercredi les détails d’une clause de sauvegarde, qui doit permettre à la Suisse de restreindre temporairement la libre circulation en provenance de l’UE. L’immigration en provenance de l’UE, le nombre de frontaliers, la hausse du chômage ou le taux de recours à l’aide sociale font partie des facteurs qui pourraient déclencher le mécanisme.

Beat Jans, ministre de Justice et Police, est responsable du dossier de la libre circulation des personnes.Nicole Philipp

Si l’objectif du gouvernement est de montrer qu’il a entendu les préoccupations de la population, cette stratégie est à double tranchant. Car elle accrédite du même coup l’idée que l’immigration pose certains problèmes, même si le Conseil fédéral préfère parler de «défis».

De quoi légitimer le discours UDC? «En aucun cas, réagit Jean Tschopp (PS/VD). Il y a des défis en lien avec la migration, que ce soit au niveau social ou de la protection des salaires. Mais cette clause de sauvegarde ne sera pas déterminante dans notre combat contre l’initiative «Pas de Suisse à 10 millions». Ce texte menace notre pays, car il pourrait nous priver de personnel indispensable. Dans le domaine des soins par exemple, un tiers du personnel est issu de l'immigration et en particulier de l’UE. Cette initiative est une impasse. Nous avons tout intérêt à la rejeter le plus vite possible.»

Hasard ou non, les mots «clause de sauvegarde» n’apparaissent pas dans le communiqué de presse du PS diffusé dans la foulée des annonces de son ministre Beat Jans.

L’union sacrée vole en éclats

Ce n’est pas tout. Trois jours plus tard, l’UDC a eu une nouvelle occasion de sortir les pop-corns. Vendredi dernier, les adversaires de son initiative ont publiquement affiché leur division stratégique pour combattre le texte. Dans un communiqué commun, le PLR, le PS, les Verts et les Vert’libéraux ont dézingué le Centre en l’accusant de faire de l’obstruction. Pourquoi? Parce que le parti souhaite discuter d’un contre-projet direct au texte. Ce qui retarde le traitement de l’initiative.

Cette coalition droite-gauche n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Pour Christian Wasserfallen (PLR/BE), «le Centre tombe dans le piège de l’UDC». Mattea Meyer (ZH), coprésidente du PS, dénonce «une expérience très risquée». «Seuls un non clair à cette initiative néfaste et un oui tout aussi clair aux Bilatérales III garantiront notre prospérité à long terme», appuie Beat Flach (PVL/AG).

Vincent Maitre (GE/Centre) et Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE) sont tous les deux opposés à l’initiative «Pas de Suisse à dix millions», mais ne s’entendent pas sur la stratégie à adopter pour la combattre.FRANK MENTHA

Également citée dans ce communiqué, Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE). Pour elle, «l’initiative de repli de l’UDC nous enferme et isole la Suisse de l’Europe: nous devons la refuser clairement et sans délai. Dans la situation mondiale actuelle, nous avons besoin de plus de coopération et de solidarité, et non d’un repli sur soi.»

Alors que l’union sacrée des partis est la seule issue crédible pour espérer gagner en votation, ce «lavage de linge sale en public» n’est pas de bon augure.

Vice-président du Centre Vincent Maitre (GE) admet avoir été surpris par la virulence de l’attaque. «Elle est d’autant plus regrettable que sur le fond, nous sommes tous d’accord pour dire que cette initiative est dangereuse pour la Suisse. Je ne comprends pas qu’on vienne nous faire la leçon, alors que nous divergeons simplement sur la façon d’y parvenir.» Le Centre estime en effet qu’il est moins risqué de faire un contre-projet que de laisser l’initiative aller en votation sans alternative à offrir au peuple.

«L’UDC s’est totalement discréditée»

Vincent Maitre essaie donc de remettre le curseur sur le vrai enjeu. «Cette initiative est une flibusterie. Et nous devons sceller une union sacrée pour la combattre. L’UDC ne cherche pas de solution, mais veut uniquement faire du bruit pour exister. Elle ne voulait pas d’accord-cadre, parce qu’elle voulait garder la voie bilatérale. Maintenant que l’accord-cadre a été remplacé par des accords sectoriels précisément pour aboutir à de nouvelles bilatérales, elle les rejette aussi. Pour moi, l’UDC s’est totalement discrédité comme partenaire de confiance dans ce dossier.»

Des critiques qui passent par-dessus la tête de l’UDC. La semaine passée, le parti a convié la presse pour dire tout le mal qu’il pensait de la clause de sauvegarde du Conseil fédéral. Et son président, Marcel Dettling, de répéter que seule l’initiative aurait un effet pour stopper l’immigration.

Un avis que partage la vice-présidente de l’UDC, Céline Amaudruz (GE), qui admet toutefois que la tournure prise par les événements va dans le sens du parti. «Je n’attends rien de la clause de sauvegarde du Conseil fédéral. L’UE n’acceptera jamais qu’on l’active. Et si nous le faisons de façon unilatérale, nous serons punis. Cette proposition n’est pas digne du gouvernement. Par contre, j’observe que ce même Conseil fédéral qui nous a dit pendant des années que la libre circulation des personnes n’était pas négociable, ne dit plus la même chose aujourd’hui. Ce qui revient à donner raison deux fois à l’UDC: oui, l’immigration est un problème, et oui nous pouvons agir.»

Céline Amaudruz n’est pas mécontente non plus de voir les autres partis se déchirer sur leur stratégie pour contrer l’initiative «Pas de Suisse à dix millions». «Ils ne savent pas comment s’y prendre, parce qu’ils sont tout à fait conscients que notre texte séduit. Mais quand je vois le PLR s’allier avec la gauche pour critiquer le Centre, je pense que ce parti n’a plus de leçon à nous donner lorsque parfois l’UDC vote sur certains dossiers bien précis avec le PS.»

Au 31 décembre 2024, la population suisse était d’un peu plus de 9 millions d’habitants. Et les prévisions actuelles misent sur un dépassement du seuil des 10 millions pour 2040.

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Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes.Plus d'infos

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