« On ne peut pas se permettre de ne pas être patient » : Waldemar Kita et la nouvelle philosophie du FC Nantes


FC Nantes president Waldemar Kita discusses the club's new coach, Luis Castro, and the financial challenges facing French football.
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Mercredi après-midi, Waldemar Kita (72 ans) a reçu L'Équipe durant une heure à quelques pas de l'Arc de triomphe pour évoquer l'actualité de son club, marquée par l'arrivée de Luis Castro à la place d'Antoine Kombouaré. Un nouveau projet se dessine sur fond de crise économique globale, qui impacte les Canaris comme tout le monde. L'homme d'affaires français avait beaucoup à dire sur la gestion du foot professionnel.

« Ça y est, Nantes a enfin trouvé un accord avec Dunkerque pour Luis Castro... Oui, on est bien partis pour signer. J'en suis très heureux. Ç'a duré parce que Dunkerque voulait un certain prix. Je le comprends bien, c'est un club qui a aussi besoin d'argent, comme tout le monde. Se séparer d'un entraîneur, ce n'est pas toujours très évident.

Comment s'est passé le contact avec lui ? Très bien, j'ai laissé à Franck (le DG, son fils) le soin de discuter en profondeur. J'ai évoqué trois-quatre sujets importants, comme la formation. Le centre de formation a d'excellents résultats et j'ai donné comme mission à Luis Castro de cultiver cette formation qui est parmi les deux ou trois meilleures en Europe. Franck a travaillé avec lui, le coach sera bien entouré d'un point de vue staff.

Castro, ça peut rappeler Pierre Aristouy (mai-novembre 2023), dans l'esprit, la volonté d'avoir un jeu plus attrayant en faisant émerger la jeunesse... Sauf que lui, quand il aura la politesse d'échanger avec le président et de le respecter, il va déjà gagner beaucoup. On lui a donné une chance inouïe, on lui a augmenté son salaire et, pendant des semaines, il ne m'avait pas adressé la parole ou appelé pour savoir ce qui va, ce qu'il fait.

Avec Castro, vous allez donc vous appuyer davantage sur la formation ? Oui, c'est le futur. On est allés en demi-finales de la Youth League (2024), on va la rejouer cette année et on était en finale des U19 cette année. Quand je vois qu'un garçon comme (Louis) Leroux marque et ne joue pas le match suivant, je m'interroge. On a aussi choisi un coach qui donne sa chance aux jeunes.

Quel est l'objectif avec ce nouveau cycle ? Je ne me fixe pas d'objectif, je pense à construire, voir à l'oeuvre la philosophie du coach, avec des nouvelles têtes, des départs. On pourra mieux sentir les choses en septembre-octobre. On n'a pas été à la hauteur pendant deux-trois ans et je voudrais que les gens viennent au stade pour prendre du plaisir, qu'on puisse marquer des buts et pas défendre tout le temps.

« Depuis dix-huit ans, on n'a jamais été en retard sur les salaires et on nous demande aujourd'hui des garanties bancaires pour commencer une saison. »

Et justement, dans la construction, vous allez être patient ? Bien sûr, on ne peut pas se permettre de ne pas être patient.

Comme la plupart des autres clubs, allez-vous devoir baisser drastiquement votre budget ? L'année dernière, c'était déjà le cas et c'était pire. La DNCG nous avait demandé de présenter un business plan en incluant les mêmes droits télé que l'année précédente. C'est une erreur. Chacun des clubs présentait entre 15 et 25 M€ de droits. Cette année, c'est 5 ou 6 M€ grand maximum parce que DAZN nous doit de l'argent. Ce n'est pas grand-chose. L'année dernière, n'oubliez pas qu'on avait 90 M€ de chiffre d'affaires, de dépenses, et 35 M€ de recettes.

Vous aviez dû réinjecter 40 M€ ? Un peu plus.

Et encore cette année ? Oui, ça dépendra aussi des ventes. Après, on nous a induits en erreur (à la DNCG). Depuis dix-huit ans, on n'a jamais été en retard sur les salaires et on nous demande aujourd'hui des garanties bancaires pour commencer une saison. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on nous met autant en difficulté, nous les clubs. On nous dit de n'inclure ni les droits télé ni la vente des joueurs dans nos prévisions. Si on a le produit, il faut nous laisser le vendre pour faire le chiffre d'affaires.

Comment sera révisé votre budget ? Dans les dépenses, on sera dans les 50-55 M€, on ne peut pas tout baisser comme ça du jour au lendemain. Et dans les recettes, 38-40.

« Il n'a géré qu'un club, ce n'est pas un industriel, mais on a tous une part de responsabilité, moi aussi. »

Au sujet de Vincent Labrune, le président de la LFP

Avec moins de salaires supérieurs à 100 000 euros ? Il y aura trois-quatre joueurs peut-être, mais le reste, ce ne sera plus ça. Mais on n'est pas les seuls.

C'est un sacré virage. On n'a jamais vécu ça, mais on est obligés de le faire. Quand vous ne pouvez pas vous acheter du saumon, on ne doit dépenser qu'en fonction de ses propres moyens, vous ne prenez que du salami et encore, il nous faut mettre en plus de l'argent, on le sait. Mais qu'on ne nous demande pas de bloquer de l'argent, c'est stupide ça.

Dans tous les cas, vous êtes obligés de faire de grosses ventes cet été ? Tout dépendra de comment ça va se présenter. Si à Marseille ils pensent prendre (Matthis) Abline pour rien du tout, ils se trompent. Qu'ils arrêtent à chaque fois de faire pression sur les joueurs. Ils l'ont fait avec (Valentin) Rongier et (Quentin) Merlin. Abline n'ira pas à l'OM, sauf s'ils paient une fortune, 50 M€. Ils n'ont pas tant d'argent que ça. Mais j'aimerais qu'il reste. J'avais poussé pour le prendre car je voyais un gros potentiel.

Comment percevez-vous les difficultés économiques du foot français ? On a gagné la Ligue des champions (avec le PSG), les clubs français sont très bien représentés en Europa Ligue et en Ligue des champions. Et pourtant, on n'a pas de droits télé. Tu te dis : pourquoi on arrive à ça ? Il ne faut pas mettre à la tête (du foot) des gens qui n'ont pas d'expérience.

C'est la responsabilité de Vincent Labrune, malgré son expérience dans le foot ? Il n'a géré qu'un club, ce n'est pas un industriel, mais on a tous une part de responsabilité, moi aussi, et c'est le Sénat qui m'a ouvert les yeux (il a été auditionné en commission sur la financiarisation du foot en juin 2024). Ils te disent, un chef d'entreprise qui a réussi comme vous, vous ne savez même pas ce que vous avez signé (sur les orientations de la LFP) ? Ils ont raison. Mais tu fais confiance à la direction de la LFP. Ni moi ni personne n'avons relu. A chaque fois tous les documents par rapport aux droits télé ou autres sponsors, ce n'est pas possible. Et donc, je me suis fait balader.

Pensez-vous que le foot français va remonter la pente ? Vous savez, les grandes institutions ne meurent jamais.

Il faudrait donc se réinventer, puisqu'on est passé du milliard de Mediapro à rien en passant par DAZN, avec CVC qui prend 13 % chaque année. Que CVC ne dise rien pendant deux ans, je ne suis pas d'accord. Et pour moi, il faudrait sortir CVC. Dès lors que le foot français n'est plus autant valorisé qu'avant, racheter les parts de CVC ne serait pas incongru. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, vous avez CVC, plus la Ligue, plus la FFF, maintenant, par-dessus... C'est la politique qui va gérer le foot français? Le foot français s'est battu suffisamment longtemps, pour ne pas revenir à un certain amateurisme. »

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