Masculinisme: une idéologie toxique qui gagne du terrain en Suisse | 24 heures


A Swiss politician is pushing for government action against the rising influence of masculinism, a movement characterized by the rejection of women's emancipation and the promotion of harmful ideologies.
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AboIdéologie violente –

«Il est urgent d’agir contre le masculinisme en Suisse»

Le mouvement qui prône le rejet des femmes gagne du terrain en Europe et en Suisse. Le conseiller national Christophe Clivaz veut que Berne agisse.

Andrew Tate, à droite, est un influenceur masculiniste rattrapé par des démêlés judiciaires.Getty Images/AFP/Montage Tamedia,S. Brasey
En bref:
  • Les réseaux masculinistes inquiètent les autorités fédérales suisses face à leur expansion croissante en Europe.
  • Le sujet va occuper la Berne fédérale avec une motion déposée par Christophe Clivaz pour saisir l’ampleur du phénomène.
  • Fedpol collabore avec l’Allemagne et le Royaume-Uni pour surveiller ces mouvements.

S’il existe depuis près de trente ans, le «masculinisme» devient plus que jamais tangible. Pour preuve, en 2025, le terme fait son entrée dans le «Larousse» sous la définition d’un «mouvement qui estime que l’homme souffre de l’émancipation des femmes». Depuis un mois, la série phénomène «Adolescence», diffusée sur Netflix, explore et expose la problématique au grand public.

Cette mouvance prône la virilité exacerbée, la supériorité de l’homme musclé, riche et séducteur. Et elle fédère des individus s’estimant injustement rejetés par les femmes.

Christophe Clivaz (Verts/VS) se dit «effaré par l’ampleur du phénomène». Le conseiller national précise: «Sur les réseaux sociaux, ces communautés pullulent avec des influenceurs très suivis à leur tête (ndlr: dont l’Américain Andrew Tate). Les messages haineux qu’ils martèlent s’adressent à des jeunes garçons encore malléables. Ce n’est pas anecdotique, il y a urgence d’agir.»

En mars dernier, l’écologiste valaisan a déposé une motion demandant de «collecter des données sur la diffusion d’idéologies masculinistes». Celle-ci s'opérerait, selon les experts européens, principalement auprès des 18-24 ans.

Connaître le problème pour s’y attaquer

Interpellé à plusieurs reprises sur la thématique, le Conseil fédéral se dit conscient du problème, mais «ne prévoit pas pour l'heure de collecter des données». Pour Christophe Clivaz, c’est un paradoxe. «Il faut être cohérent: sans une collecte sérieuse de données sur le sujet, on ne pourra ni identifier le public cible, ni mesurer l’ampleur du phénomène et encore moins construire des politiques publiques pour faire face au problème.»

Un argumentaire qui trouve écho auprès de Stéphanie Lachat, codirectrice du Bureau fédéral de l'égalité. «Pour s’attaquer au problème, il faut le connaître», acquiesce-t-elle, avant de relever qu’une recherche sur le sujet est d’ores et déjà menée par l’Université de Zurich et Männer.ch, la faîtière d’associations régionales d’hommes qui œuvrent pour la parité. «Les résultats sont attendus pour 2026. En fonction de ceux-ci, la Confédération pourrait s’engager sur ce terrain.»

Stéphanie Lachat, codirectrice du Bureau fédéral de l’égalité: «Les masculinismes – il y en a plusieurs, qui se mesurent notamment au degré de violence utilisé – se propagent aussi dans le pays et en particulier auprès des jeunes. C’est très inquiétant».KEYSTONE

Une certitude, cette mouvance se développe également en Suisse. «Les masculinismes – il y en a plusieurs, qui se mesurent notamment au degré de violence utilisé – se propagent aussi dans le pays et en particulier auprès des jeunes. C’est très inquiétant», ajoute la sociologue de formation.

D’autant plus qu’au sein de la génération Z, c’est-à-dire les personnes nées entre 1997 et 2012, un fossé important se creuse entre les sexes. «Pour la première fois, au sein d’une même génération, on constate un écart significatif entre les valeurs des filles et des garçons.» Selon le baromètre national de l’égalité de 2024, une écrasante majorité «de jeunes hommes, contrairement aux jeunes femmes, estime par exemple que l’égalité est atteinte dans tous les domaines (ndlr: tâches ménagères, conciliation vie professionnelle et familiale, possibilité de carrière, salaire)». Une perception qui pourrait constituer un terreau à certaines dérives, notamment masculinistes. «La Suisse n’échappe pas à une tendance sociétale», prévient l’experte.

La police fédérale s’inquiète

Dans le plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent (2023-2027) et «pour la première fois», souligne le Conseil fédéral, «les questions de la masculinité et de la radicalisation ont fait explicitement l'objet de champs d'action». Le rapport évoque en effet les risques liés à la mouvance. «Plus une personne est favorable à l’autoritarisme, valide des normes de masculinité légitimant la violence et rejette la diversité sexuelle et de genre, plus les opinions extrémistes de droite se renforcent», écrit le Réseau national de sécurité (RNS).

Aussi, le plan d’action identifie, en Europe, une «prolifération des forums incel (ndlr: pour involuntary celibate, célibataire involontaire)», un mouvement masculiniste reconnu. «Il s’agit ici d’hommes qui, selon leur propre hypothèse, ne peuvent pas avoir de relations sexuelles ou romantiques durables avec des femmes. Ce milieu est avant tout présent sur les réseaux sociaux, à la fois sur les grandes plateformes telle que Facebook ainsi que sur des plateformes moins réglementées. Certains de ces forums d’échanges ont déjà été fermés en raison de leur danger potentiel», relève le RNS.

En Suisse, Fedpol surveille de très près le développement de ces réseaux. «C’est une forme d'extrémisme violent que l’on monitore depuis des années. C’est une préoccupation», confirme Yanis Callandret, chef de la police judiciaire fédérale. Selon son appréciation, corroborée par plusieurs études en la matière, «le passage à l’acte de violence se fait de plus en plus souvent et facilement», prévient-il.

Pour pister «un phénomène inquiétant», Fedpol collabore avec ses partenaires internationaux. «Nous sommes notamment en contact avec Europol, l’Allemagne et le Royaume-Uni», relève Yanis Callandret.

Des masculinistes meurtriers

L’escalade de violence qui s’inscrit en filigrane des mouvements masculinistes accouche de drames. En 2014, aux États-Unis, Elliot Rodger a tué six personnes et blessé quatorze autres pour «punir» les femmes de sa virginité à 22 ans.

En 2021, dans le nord de l’Angleterre, Jake Davison, auteur de vidéos incels sur les réseaux sociaux, a ôté la vie à cinq personnes. Une dizaine d’autres exemples existent, du Canada à la France, où le producteur de contenus masculinistes Mickaël Philétas a assassiné sa compagne de 80 coups de couteau en 2020.

Ces tragédies, ou plutôt leur récurrence, ont poussé Stephen Graham à porter «Adolescence» à l'écran. Ce sont ces mêmes événements qui ont convaincu le premier ministre britannique, Keir Starmer, de diffuser la série dans tous les collèges et lycées du pays.

En savoir davantage sur Andrew Tate et sur le masculinisme? C’est iciNewsletter«Dernières nouvelles»Vous voulez rester au top de l’info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.Autres newslettersSe connecter
Dimitri Mathey est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2025. Correspondant en Valais, il décrypte les enjeux cantonaux pour la Romandie. Auparavant, il était responsable politique pour «Le Nouvelliste».Plus d'infos@DimitriMathey

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