Mécaniques, les Oranges (surnom de la RS Berkane) ont surclassé la concurrence. À cinq journées de la fin, l'équipe de l'Oriental, région du nord-est du Maroc, a remporté le premier titre de son histoire. Souvent bien placé ces dernières années, Berkane est venu bousculer la hiérarchie du football marocain, où les deux géants de Casablanca - le Raja et le WAC - alternent des phases de succès et de crises.
Comment expliquer ce sacre de la RS ? D'abord par une défense royale, avec 12 buts encaissés en 26 journées, construite autour du défenseur central, Issoufou Dayo. Le capitaine et international burkinabé est en quelque sorte le Sergio Ramos local, avec 7 buts dont 5 sur penalties. Ensuite par le travail de Faouzi Lekjaa à la présidence, qu'il occupe depuis 2009.
Alors que le club naviguait dans les divisions inférieures avec des courts passages dans l'élite, Berkane est passé de la 4e division marocaine à la Botola (nom de la L1 marocaine) en seulement trois ans. Lekjaa a aussi investi dans les infrastructures, notamment en dotant le club d'un centre de formation moderne. Cette transformation a porté Berkane vers une Coupe du Trône en 2018.
« Je suis arrivé en 2018. J'ai été frappé par le sérieux du club et de son président. J'ai signé trois ans avec Berkane. C'est un club qui offre des bons salaires, et sans retard ! C'est loin d'être le cas de beaucoup de clubs sur le continent. Les installations sont vraiment au niveau de club de L1 », nous a expliqué Alain Traoré. L'ancien joueur de l'AJ Auxerre et de l'AS Monaco a vite compris les attentes : « Je ne suis pas étonné que le club soit devenu champion. Les supporters ne me parlaient que de ça. Il y avait cette envie d'exister, et d'être capable de battre les clubs de Casablanca ou de Rabat. »
Au niveau continental, Berkane a connu une ascension fulgurante. Ce week-end, en éliminant en Coupe de la CAF le CS Constantine (4-0 ; 1-0), grand spécialiste de l'équivalent africain de la Ligue Europa, la RS s'est qualifié pour la finale pour la cinquième fois de leur histoire. Après deux sacres (2020 et 2022) et deux défaites (2019 et 2024), les Oranges vont disputer la finale en deux manches le mois prochain contre les Tanzaniens de Simba FC : l'aller le 17 mai à Berkane, le retour le 25 à Dar-es-Salam.
Si l'effectif de Berkane est de qualité avec des joueurs confirmés comme le gardien Munir El Kajoui, titulaire à la Coupe du monde 2018 avec le Maroc, la meilleure recrue reste Mouine Chaabani. Considéré comme le meilleur technicien tunisien du moment, l'entraîneur est arrivé en février 2024, fort d'un palmarès déjà riche : triple champion de Tunisie avec l'Espérance Tunis (2018, 2020, 2021), vainqueur de deux Ligues des champions de la CAF (2018, 2019) et de deux Supercoupes de Tunisie (2018, 2019). En attendant de s'étalonner en Ligue des champions africaine, l'an prochain, la RS Berkane espère toujours compter sur son coach de, 43 ans, récemment sollicité pour le poste de sélectionneur national des Aigles de Carthage. Comme Sami Trabelsi a été choisi, Chaabani conserve une chance de réaliser un triplé inédit avec le club de l'Oriental : Championnat - Coupe du Trône - Coupe de la CAF.
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