Il y a quelques mois, Ilyass, 22 ans, un Montpelliérain au chômage s’est improvisé conseiller bancaire. Il a participé à une escroquerie rentable. Entre le mois de décembre 2024 en Aveyron et ce mois de mai, à Nîmes, le faux conseiller bancaire, prétextant une intervention chez ses victimes pour sécuriser leurs comptes bancaires, a obtenu, à force de persuasion, leurs cartes bancaires et les codes des moyens de paiement. L’escroc se déplaçait au domicile de ses victimes pour les convaincre de lui remette leurs cartes bancaires.

À Nîmes, Alicia (le prénom a été modifié), femme de chambre dans un hôtel et sa fille, une jeune étudiante boursière sont les dernières victimes de cet escroc interpellé quelques jours plus tard par les policiers. "Je ne sais même pas si je vais être remboursée, témoigne Alicia. Mon salaire tourne autour des 1 500 €. Il a pris aussi la carte bancaire de ma fille (NDLR : 1 100 € volés). J’ai un découvert de 1 200 €. Et à ce jour, ma banque ne veut rien entendre et ne me répond plus." Il y a aussi cette honte et cette colère de s’être fait avoir. "Il ment du début à la fin, constate Me Laurence Aguilar, l’avocate des deux plaignantes et parties civiles. Il affirme même qu’il est revenu chez elles pour les prévenir que c’était une escroquerie. C’est faux. Il est sans foi, ni loi. C’est un fléau."

"J’étais un intermédiaire"

Lorsqu’il est interpellé dans son fourgon, à Nîmes, Ilyass est accompagnée d’une femme qui ne sera finalement pas inquiétée. Les policiers saisissent plusieurs cartes bancaires. "J’avais juste un manque d’argent, se défend le prévenu. Je n’avais plus de travail." Il est aussi reproché au faux conseiller bancaire prétendument dépêché par la banque, d’avoir volé plus de 40 000 € à une femme et à sa fille, en décembre 2024 à Millau. " Il était bien informé. On est tombé trois fois dans le piège", confie cette Millavoise qui a reçu l’escroc à son domicile. "Les 40 000 €, je n’étais pas au courant… J’étais un intermédiaire, se défend le prévenu. J’étais un peu en galère d’argent. Je vis chez mes parents et j’ai des amendes à payer."

Via Snapchat

L’escroquerie aurait été montée via un ou plusieurs groupes sur Snapchat qui se filaient les bons plans, décrit le prévenu qui n’en dira guère plus. Le procureur Stéphane Bertrand a requis un an de prison "éventuellement avec sursis" et 15 000 d’amendes. "Seul monsieur est sur le banc des prévenus, rappelle Me Victoria Morgante, l’avocate du prévenu. Et le vol des 40 000 €, il le conteste. Cela ne fait pas de lui le responsable de toutes ces escroqueries."

Après son arrestation à Nîmes, Ilyass avait été placé sous contrôle judiciaire. Il comparaissait libre devant le tribunal. Il ambitionne de devenir chauffeur livreur Uber. Le jeune homme a été condamné à 2 ans de prison assortis d’un sursis probatoire et doit dédommager les victimes. Il doit aussi régler une amende de 2 000 €.