Fusils, pistolet automatique, munitions, des mots mêmes du procureur de la République, c’est "véritable arsenal" qui a été découvert dans un appartement occupé par un homme de 20 ans, jugé ce lundi 5 mai en comparution immédiate après que les faits ont été révélés le 18 mars dernier.

L’affaire a donné lieu à l’arrestation de ce jeune nîmois et à son placement en détention provisoire après la garde à vue. Lorsqu’il a comparu en mars, il avait demandé un délai pour préparer sa défense, le tribunal avait alors décerné un mandat de dépôt en attendant l’audience de ce lundi.

Le chien spécialisé dans la détection des armes marque un logement

L’affaire ? Un contrôle des policiers de Nîmes qui ont inspecté les parties communes d’un immeuble de Pissevin à l’aide d’un chien spécialisé dans la détection des armes. Et si dans un premier temps, le chien n’a rien trouvé, il a finalement "marqué" au troisième étage du bâtiment.

Comme en matière de détection de drogue, le chien montre aux policiers qu’il a senti la présence d’armes ou d’explosifs en effectuant des marquages sur les zones concernées. Les policiers ont ensuite déclenché un contrôle et dans la foulée une perquisition dans l’appartement désigné par l’animal. Les enquêteurs ont finalement découvert plusieurs armes longues dont un fusil-d’assaut… Au total, la police a donc trouvé quatre fusils mais aussi un pistolet automatique 9 mm de marque Sig sauer, un chargeur de M16 (servant à alimenter un fusil-mitrailleur) et de nombreuses munitions ainsi qu’une bombe à air comprimé pour nettoyer les armes.

Tout juste âgé de 20 ans

Dans le box, c’est un prévenu, tout juste âgé de 20 ans qui a comparu et dont l’apparente jeunesse et sa silhouette frêle tranchent avec la gravité des faits reprochés. Dans la salle, la famille du prévenu semble à la fois désemparée et accablée.

La présidente Le Flao note que l’enquête a recueilli des témoignages selon lesquels, le jeune homme "rentrait tard la nuit" et se montrait peu présent au domicile familial. C’est pourtant dans l’appartement de la famille que les armes ont été découvertes et saisies. La présidente interroge également le prévenu sur l’intervention d’une avocate en garde à vue. Selon la magistrate, elle aurait indiqué, que cette dernière intervenait en tant qu’avocate du suspect à la demande de la mère. Ce qui finalement ne sera pas le cas.

"Et votre mère dit que ce n’est pas elle qui a appelé Maître X. Vous pensez que ce sont les gens qui vous ont remis les armes qui l’ont appelée ?", demande la présidente. "Je ne sais pas ", répond le prévenu. "Vous n’êtes pas en capacité de donner un signalement des gens ? (ndlr, qui ont remis les armes). Le prévenu répond : "je ne les ai pas vus".

Petites mains et gros bras du narcobanditisme

Pour sa part, le vice-procureur de la République, Philip Ughetto, note que le prévenu est à peine âgé de 20 ans et déjà engagé dans la délinquance avec six mentions au casier judiciaire (notamment quand il était mineur) et avait franchi un pas supplémentaire dans la délinquance.

Le magistrat du parquet revient ensuite sur le fléau du narcobanditisme et ses nombreuses petites mains ou ses gros bras : avec les nourrices qui cachent les stupéfiants, les autres chargés de collecter l’argent et d’autres encore qui cachent des armes. Des armes qui, pour le parquet, sont centrales dans la guerre du narcotrafic avec des tirs pour s’approprier des points de deal, parfois avec des trafiquants tués voire avec des victimes collatérales.

"Il n’a pas pu dire non", Me Margaux Expert avocate

Le parquetier explique que le jeune homme touchait 2 500 euros par mois pour garder les armes (il avait déclaré percevoir 500 euros par semaine). Pour le magistrat, ces détentions d’armes de guerre s’inscrivent dans le narcobanditisme. Il réclame trois ans ferme. Me Margaux Expert, l’avocate de la défense, assure que ce jeune de Pissevin n’a pas pu dire non face à des personnes qui lui ont imposé de garder les armes. Elle a décrit une famille inquiète et accablée par la situation. Après délibéré, Medhi E. a écopé de trois ans ferme.