Festivals: pourquoi les grands noms manquent au programme? | 24 heures


Swiss music festivals are struggling to book big-name artists due to rising costs, artists preferring stadium tours, and the unpredictable nature of modern music careers.
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AboEn manque de superstars –

Pourquoi les plus grands noms ont disparu des festivals

Les têtes d’affiche se font de plus en plus rares lors des grands rendez-vous musicaux de l’été. Explications des programmateurs suisses en cinq points.

En 2024, Sabrina Carpenter est devenue un phénomène pop mondial. Pour de nombreux festivals, sa présence sur scène devient donc inabordable.Getty Images
En bref:
  • Parce que les cachets des grandes stars ont massivement augmentĂ©, de nombreux festivals ne peuvent plus se les offrir.
  • Les artistes Ă  succès prĂ©fèrent donner leurs propres concerts dans les stades.
  • Le streaming et les mĂ©dias sociaux rendent le dĂ©veloppement de la carrière des artistes plus difficile Ă  planifier.
  • La concurrence internationale et les dĂ©lais de rĂ©servation prĂ©coces mettent une pression supplĂ©mentaire sur les organisateurs.

«C'est un problème, un immense problème», reconnaît Roman Pfammatter. Le directeur de l'Open Air Gampel, événement haut-valaisan, s'occupe des grands noms de la programmation. Et ceux-ci sont de plus en plus difficiles à obtenir. «On ne verra plus les très grands groupes dans les festivals», annonce d’ores et déjà le Valaisan.

Bien sûr, les festivals de musique en Suisse, de Montreux à Zurich en passant par Berne, proposent une programmation attrayante pour 2025. Mais partout le constat est le même: les grands classiques des festivals que sont Coldplay, les Foo Fighters ou Kendrick Lamar, disparaissent des affiches, tandis que de nouveaux grands noms se produisent ailleurs. À cela, il donne plusieurs explications.

Le nerf de la guerre: l’argent

C'est la raison la plus évidente, même si c'est loin d'être la seule: les coûts des tournées ont augmenté pour les groupes. Des noms connus exigent donc des cachets plus élevés pour couvrir leurs frais. Une évolution qui s’est accélérée depuis le Covid.

Les festivals du pays ont toujours davantage de difficultés à répondre à ces exigences. «Il est devenu plus difficile de réserver les artistes qui figurent en tête de la liste des souhaits, explique l'Open Air de Zurich. Pour pouvoir payer de généreux cachets, le budget doit être réajusté d'année en année.»

À l'Open Air Gampel, une tête d’affiche coûte environ 350'000 francs. Une somme bien en deçà de ce que demandent aujourd’hui des groupes comme Muse ou les Foo Fighters, qui se produisaient autrefois en Valais. Il faut compter un demi-million, voire davantage selon l’artiste.

Le programmateur du Montreux Jazz, Rémi Bruggmann, confirme: «Nous ne demandons plus du tout de groupes comme Coldplay. Ce n'est pas réaliste. Même Billie Eilish, Sabrina Carpenter, Olivia Rodrigo… Certes, nous aurions aimé avoir de tels noms chez nous.»

PlutĂ´t au stade que dans un festival

Il y a encore quelques années, Coldplay (ici le chanteur Chris Martin en 2017) était souvent réservé par les festivals. Désormais, le groupe britannique fait le tour des stades avec son propre programme.Photo: AFP

Terminés les festivals! Les artistes avec une grande communauté de fans préfèrent les tournées dans les stades. Ceux qui le peuvent font des tournées en solo. Des groupes et artistes comme Coldplay, AC/DC, Ed Sheeran ou Taylor Swift prolongent leurs séries de concerts pendant des années. Ces tournées ont dorénavant lieu le plus souvent durant l'été, ce qui rend les artistes indisponibles pour les festivals.

«De nombreux artistes préfèrent le stade au festival car ils ont le total contrôle de l'expérience pour leurs fans», explique Rémi Bruggmann. Les stars peuvent placer leur merchandising, concevoir elles-mêmes leur présentation visuelle, planifier la technique et choisir quel artiste fera la première partie.

De plus, ce type de concert est financièrement intéressant. Autrefois, les ventes de leur musique faisaient vivre les artistes, et les concerts avaient davantage le rôle de promotion et de fidélisation des fans. Les festivals offraient, eux, un cachet supplémentaire sans trop d’efforts pour les artistes, tout en leur permettant de conquérir un nouveau public.

«Les festivals étaient autrefois une sorte de grande cagnotte»

«Les festivals étaient autrefois une sorte de grande cagnotte, dans laquelle les artistes pouvaient se servir. Ils perdaient plutôt de l'argent avec leurs propres spectacles, mais cela a changé», poursuit le programmateur du Montreux Jazz.

Désormais, les musiciens doivent miser sur les concerts pour engranger des revenus, les ventes de leur musique s’étant effondrées. Les spectacles sont devenus plus élaborés et plus longs. L’objectif est de renforcer la fidélité des fans et de justifier par la même occasion des prix de billets plus élevés. Ces productions ne sont plus adaptées aux scènes des festivals.

Un pari risqué

Les programmateurs doivent parier très tôt sur les artistes en espérant qu'ils attireront suffisamment de public. Ici, Chappell Roan lors de sa prestation aux Grammys en février, où elle a été désignée révélation de l’année.AFP

Désormais, le streaming et le buzz des médias sociaux influencent la planification. Les programmateurs s'accordent à dire que les carrières se développent à bien plus court terme, alimentées par les algorithmes.

Autrefois, les étapes étaient bien définies: un nouvel album, des concerts, puis une pause, avant de recommencer le cycle. «Maintenant, il n’y a plus de règle, constate Roman Pfammatter. Les albums se font plus rares et un groupe peut connaître un succès mondial du jour au lendemain ou tout aussi rapidement tomber dans l’oubli.»

Devenues des stars mondiales l’année dernière, les artistes américaines Chappell Roan ou Sabrina Carpenter ne joueront dans aucun festival en Suisse cette année. «Il est essentiel de miser à temps sur les bons artistes et les bonnes évolutions afin d'offrir à notre public un line-up actuel, commente Christof Huber de l'Open Air de Saint-Gall. Mais il est difficile de les prévoir, même en recourant à des analyses de données approfondies.»

Également passé en quelques mois de l’anonymat à la célébrité en 2024, l’Américain Benson Boone se produira à Montreux cet été. «C'est comme les paris. Nous prenons un risque», note Rémi Bruggmann. Dans le cas de Boone, le pari est gagné. Reste que, comme nombre de jeunes pousses, ces stars montantes n’ont que peu d’expérience du live ou manquent de répertoire pour occuper des grandes scènes.

Une rude concurrence

La Britannique Lola Young a failli se produire cet été au Montreux Jazz Festival, mais sa popularité a explosé en quelques semaines.Gareth Cattermole/Getty Images

Davantage de festivals de moyenne et grande capacité se disputent les stars les plus attrayantes. Aux États-Unis également, les festivals en plein air attirent désormais les artistes aux cachets élevés, ce qui réduit leur disponibilité pour l’Europe.

Conséquences: premièrement, la concurrence fait grimper les salaires. Celui qui paie beaucoup obtient le contrat. Les tops stars se produisent donc plutôt dans les open air de renommée internationale, comme Glastonbury, Primavera ou Coachella en Californie.

Les festivals coorganisés par les grands acteurs de la musique que sont Livenation en Californie et la société allemande Eventim sont également avantagés. Grâce au financement croisé, ils peuvent proposer des cachets plus élevés ainsi que des deals internationaux sur plusieurs festivals.

Deuxièmement, les responsables de la programmation sont sous pression pour assurer le plus tôt possible la présence de certains artistes. Le Primavera de Barcelone a déjà annoncé sa programmation en octobre dernier, huit mois avant le début du festival. Le but est également de stimuler les ventes de billets à l'avance.

«C’est stressant, témoigne Roman Pfammatter. Nous rédigeons déjà des offres pour 2026.» Au Montreux Jazz, Lola Young devait être programmée pour l'édition 2025. Les négociations étaient en cours, mais la nouvelle venue britannique est devenue virale sur la Toile avec sa chanson «Messy». Son prix s’est envolé.

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Open Air de Saint-Gall: Kings of Leon, AnnenMayKantereit, Marc Rebillet, Nemo (du 26 au 29 juin)Montreux Jazz Festival: Chaka Khan, Neil Young, J Balvin, FKA Twigs, Benson Boone, Santana, Alanis Morissette (du 4 au 19 juillet)Open Air Frauenfeld: Justin Timberlake, 50 Cent, Young Thug (du 10 au 12 juillet)Gurtenfestival: Macklemore, Nina Chuba, Will Smith, Lola Young, Shaboozey, Franz Ferdinand (du 16 au 19 juillet)Paléo Festival: David Guetta, Queens of the Stone Age, Macklemore, Will Smith, Sex Pistols (du 22 au 27 juillet)Zurich Open Air: Post Malone, Shawn Mendes, The Prodigy, Empire of the Sun, Tiësto (22/23 et 29/30 août)

Les exigences des stars

Parfois, des raisons très simples expliquent qu'un artiste se produit ou non dans un festival. Certains groupes ne veulent pas jouer lors du même événement ou de la même soirée qu'un autre groupe déjà réservé, ou ils ont une idée précise de qui pourrait leur convenir.

«C'est un défi, reconnaît Rémi Bruggmann. Ce que nous imaginons ne coïncide pas toujours avec les idées des artistes ou de leur management. Il y a beaucoup de discussions jusqu'à ce que tout le monde soit satisfait du résultat.»

À cela s'ajoute le fait que les groupes cultes ont vieilli et tournent moins. D'autres veulent ménager l'environnement et ne voyagent plus sur de longues distances.

Le public réclame des noms connus. ici, des fans au Hurricane Festival près de Brême.Getty Images

Même s'ils obtiennent plus rarement les stars qu'ils espèrent, les organisateurs locaux restent optimistes. Un open air est une expérience globale qui n'est pas uniquement déterminée par les grands noms, souligne le festival bernois du Gurten. «Il ne s'agit pas seulement des têtes d’affiche, mais de l'ensemble du bouquet musical, du fil rouge mûrement réfléchi, du premier groupe au dernier DJ.»

La créativité et la flexibilité sont de mise. Le public jeune, en particulier, souhaite vivre une expérience qui va au-delà de la musique. À Frauenfeld, il existe ainsi une salle de gymnastique en plein air. À Gampel, un terrain de football sera aménagé cette année.

Malgré tout, «le public est extrêmement sélectif, conclut Rémi Bruggmann. Les visiteurs souhaitent entendre de grands noms.»

PLUS SUR LES DEFIS DES FESTIVALS
Martin Fischer est content manager et journaliste à la rubrique Société. Il écrit sur la culture pop et des sujets de société.Plus d'infos

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