C'était le 14 janvier dernier : lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, François Bayrou, a eu un mot pour les étudiants « en situation de précarité » et précisément pour ceux qui ont « l'obligation de se loger dans des grandes villes où les loyers dépassent les moyens de leur famille ». Il a ensuite annoncé que son gouvernement lancerait la construction de 15 000 logements par an, pendant trois ans, en mobilisant le foncier disponible de l'État.
Crise du logement étudiant : la rentrée s'annonce très compliquée
Et pour cause : il existe seulement 380 000 places disponibles en résidences étudiantes pour 3 millions de jeunes concernés. La majorité du parc existant est concentrée dans des bâtiments des années 1970-1980 et située en périphérie des campus universitaires. Les maires rechignent à délivrer de nouveaux permis de construire, voyant ces étudiants « comme des habitants non pérennes » et « pas forcément des électeurs », pointait, dès 2023, Arnaud Guennoc, DG d'AG Real Estate France.
« Les étudiants peuvent être perçus potentiellement comme une source de nuisances, tandis que les jeunes actifs, avec un pouvoir d'achat plus élevé, peuvent participer à la vie économique de la collectivité », poursuivait ce cadre dirigeant auprès de La Tribune.
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Reste que l'annonce du locataire de Matignon n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd à la Caisse des Dépôts. Son entité la Banque des territoires annonce aujourd'hui un programme de 5 milliards d'euros d'ici à 2030 pour financer 75 000 places en Île-de-France, à Lyon, à Lille, à Nantes, à Rennes, à Toulouse, à Montpellier et à La Réunion. Après avoir débloqué 226 millions d'euros en 2024 pour financer la création de 4 300 logements — 23 240 depuis 2016 -, elle s'engage à en sortir 45 000 entre 2025 et 2028.
« Nous inscrivons notre action dans le cadre de la mobilisation lancée par le gouvernement sur le sujet et sommes donc en discussion étroite avec les ministres du Logement Valérie Létard et de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste », déclare à La Tribune Antoine Saintoyant, directeur de la Banque des territoires par intérim.
Crise du logement étudiant : la rentrée s'annonce très compliquée
Le programme baptisé AGiLE mobilisera 3,5 milliards d'euros de prêts avec l'argent du livret A et 1,5 milliard de fonds propres, auxquels s'ajoutent 20 millions de subventions en ingénierie territoriale. L'objectif demeure le même : 50 000 logements étudiants intermédiaires, c'est-à-dire à des loyers réglementés inférieurs aux prix du marché, et 25 000 logements étudiants libres. Les autres filiales de la Caisse, comme CDC Habitat, Icade, La Poste Immobilier ou La Banque postale, complètent le tour de table.
Une des concrétisations concrètes repose sur le partenariat. Le premier va être signé avec le promoteur-exploitant Uxco qui compte déjà 15 000 lits en stock. Ensemble, ils vont en sortir 7 000 sur le quota de logements étudiants libres d'ici à 2 ans, moyennant 100 millions d'euros de fonds propres de la Banque des territoires. Cette dernière ne s'interdit pas de s'associer avec d'autres promoteurs et/ou opérateurs.
« Nous allons investir ensemble dans des foncières qui vont acheter du foncier, construire les résidences et les exploiter », explique Antoine Saintoyant.
Deuxième mode d'intervention : en appui des organismes de logement social. « Nous les soutiendrons en financement et interviendrons en fonds propres via notre opérateur CDC Habitat », filiale Logement de la Caisse, reprend le directeur général de la Banque des territoires par intérim.
Troisième et dernier levier : en lien avec les universités et les Crous pour créer des foncières communes avec les facs et les collectivités sur des terrains appartenant à l'Etat ou aux territoires en question. « Nous pourrons y proposer des prix moins élevés car la question de l'amortissement du foncier ne se pose pas », explique Antoine Saintoyant. Ces logements étudiants intermédiaires seront opérés par le CrousS. Après l'avoir fait avec l'université de Bordeaux, le patron de la BDT va mettre en place un dispositif avec Paris-Nord Villetaneuse et le maire de la commune Dieunor Excellent.
« Pour 24 places, nous avons 100 demandes d'étudiants, donc il y a clairement un manque de logements », admettait, à la rentrée de septembre 2024, Bénédicte Durand, la présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) qui administre les Crous.
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A Nantes Métropole, qui accueille 60 000 étudiants dont plus de 2 360 supplémentaires chaque année, le Crous des Pays de la Loire prévoit par exemple la création de 1 420 logements étudiants supplémentaires d'ici à 2028, avec un objectif de loger 10 000 étudiants dans la région à cette échéance. Dans la ville-centre, plus de 900 logements sont prévus à horizon 2026.
L'intercommunalité a également créé un groupe de travail spécifique avec les services sociaux du Crous et de Nantes Université, la Maison de l'Habitant, des bailleurs sociaux, le service intégré d'accueil et d'orientation, la ville de Nantes et InterAsso, qui s'est réuni pour la première fois en mai 2024.
Il en ressort des actions qui pourront être mises en place à la rentrée : la mise à disposition d'un kit ressources pour les organismes en contact avec des étudiants en recherche d'un toit avec un carnet d'adresses du logement jeunes sur la métropole nantaise ainsi qu'une cartographie interactive sur le site Internet de la collectivité.
À Lyon, deuxième pôle universitaire de France, la métropole a, elle, pris le relais du Crous, « qui a atteint quasiment son plafond », affirme Renaud Payre, vice-président du Grand Lyon délégué au logement. « Nous devons donc encore faire plus d'efforts en mobilisant notre foncier avant de le céder à des bailleurs sociaux qui en feront du logement social étudiant » ajoute-t-il.
En plus des aides à la pierre, les trois offices publics de l'habitat ont, chacun, reçu une enveloppe de 8 000 euros par place. Sauf qu'à compter de début 2026, « nous allons revoir ce montant à la baisse », lâche l'édile. Restriction budgétaire oblige.
Roof, la start-up qui monte Fondée en 2022, Roof transforme des immeubles situés en centre-ville en résidence de 14 à 100 chambres, avant de les exploiter. « L'étudiant reçoit sa clé de manière numérique, arrive sa valise, met ses vêtements dans la penderie déjà installée et allume la télé avec une box et Netflix. Quand il sort, il peut bénéficier par exemple d'une salle de sport, d'une cuisine commune ou d'une salle de projection. Dans sa chambre, il étudie ; dans les espaces communs, il se sociabilise. C'est quelque chose d'apprécié par les parents », se gargarise, pour La Tribune, le directeur général de la jeune pousse, Nicolas Leroy. Ce dernier a annoncé le 8 avril dernier une levée de 20 millions d'euros en equity auprès de Mata Capital IM pour déployer 50 millions d'euros d'investissements à court terme, avec un objectif de 150 millions d'euros à moyen terme pour acquérir, réhabiliter et animer plus de 1 000 chambres dans les grandes métropoles françaises étudiantes. Déjà présent à Amiens et à Lille avec 150 lits, il vise désormais Paris et la première couronne, Bordeaux et Lyon. « Depuis dix ans, les investisseurs reviennent sur ce créneau avec des tickets à 100 voire 200 millions d'euros, mais ciblent des gros volumes. Nous, nous avons la conviction de cibler des actifs de taille raisonnable, bien positionnés, au pied du métro ou proche des universités, car nous savons qu'ils seront toujours remplis », souligne, auprès de La Tribune, Thomas de Ridder, directeur général du fonds.
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