Montpellier est décidément une terre fertile pour les jeux vidéo. La preuve une fois encore avec “Clair Obscur : Expedition 33”. Entièrement développé par Sandfall Interactive, un studio indépendant fondé en 2020 qui saute dans le grand bain avec sa première réalisation, ce splendide RPG est en train de "casser la baraque". Et l’expression n’est pas galvaudée.

Un accueil critique dithyrambique

Sorti jeudi 24 avril sur consoles et PC, le titre s’est immédiatement attiré les louanges de la presse spécialisée. “Un périple qui frôle le chef-d’œuvre, une fresque aussi sublime qu’un tableau de Renoir” pour Jeuxvideo.com qui lui attribue la note de 18 sur 20 et estime qu’il y aura “un avant et un après”. “Une claque à la française qui dégouline d’amour pour le jeu vidéo et l’art dans son ensemble”, pour Gameblog. “Nous tenons là une leçon de maîtrise scénaristique, de vision artistique et de complexité de gameplay rarement atteinte dans un jeu du genre”, s’enthousiasme Gamekult. N’en jetons plus…

De quoi atteindre un score historique sur Metacritic, l’agrégateur de référence au plan international, de 92/100 pour la presse et, mieux encore, de 9,7/10 pour les utilisateurs. Un record absolu : “Clair Obscur : Expedition 33” parvient à détrôner “Zelda Ocarina of Time”, intouchable depuis plus de vingt ans. Côté ventes, même feu d’artifice : plus d’un million de copies avaient déjà été écoulées dimanche soir. Soit l’objectif fixé pour l’ensemble de l’année 2025…

Une réussite saluée avec humilité par l’équipe montpelliéraine

Suffisant pour estomaquer les Montpelliérains, qui n’avaient pas vu venir un tel raz-de-marée. Rencontrés dans leur splendide maison située avenue de Lodève, qu’ils louent précisent-ils, les concepteurs affichaient ce lundi matin un large sourire sans pour autant fanfaronner. “Lorsque la note de Metacritic est tombée, on a ressenti une joie immense. On ne s’attendait vraiment pas à ce que ce soit à ce point élevé. Quand on a monté Sandfall, on s’était dit que si nous arrivions à 80 avec notre premier jeu, on serait heureux. Ce 92 nous donne une visibilité folle”, savoure Tom Guillermin, cofondateur du studio et chef programmeur.

La plus belle récompense semble pour l’équipe d’être parvenue à toucher un large public avec un jeu pourtant pas formaté pour plaire au plus grand nombre. Avec une proposition certes soignée mais exigeante. “Clair Obscur : Expedition 33”, c’est un jeu de rôle narratif qui mêle action et exploration, avec des combats stratégiques au tour par tour pimentés par du temps réel où les réflexes sont mis à rude épreuve. On retrouve du Final Fantasy, du Dark Souls, un peu de Elden Ring… autant de titres qui ont marqué l’histoire du 10e art.

Une direction artistique inspirée de la Belle Époque française

Le tout est servi pour une direction artistique exceptionnelle qui puise son inspiration dans le Paris de la Belle Epoque, une période et un univers envoûtants encore peu exploités contrairement à l’ère victorienne ou le steampunk. On y voit la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, les héros s’appellent Gustave, Maelle, Lune… certaines tenues sont même volontairement caricaturales, avec marinière, béret et baguette. Une touche d’humour pour adoucir un récit adulte, chargé émotionnellement, porté par une bande originale particulièrement riche qui ne comporte pas moins de huit heures de musique.

Le “pitch”, brossé par le studio ? “Une fois par an, la Peintresse se réveille. Sur son Monolithe, elle peint son nombre maudit. Et tous ceux de cet âge partent en fumée.” Pendant une bonne trentaine d’heures (soixante pour tout voir), le joueur dirige un groupe de héros qui se lance dans une expédition désespérée afin de briser la malédiction et sauver l’humanité. Au plus fort, jusqu’à une quarantaine de personnes ont travaillé sur “Clair Obscur : Expedition 33”. Ensemble, après quatre ans d’efforts, designers, programmeurs et artistes au sens large ont réussi un coup de maître qui devrait faire date.